Histoire du club
Interview THEO GULDEMONT du Journal Le Soir 1991
IL A CONTRIBUE A FAIRE DE CHARLEROI UN CREUSET DE JUDOKAS : L'ART DE THEO GULDEMONT : UNE ECOLE DE VIE
GHESQUIERE,DENIS
Mardi 29 janvier 1991
Il a contribué à faire de Charleroi un creuset de judokas...
L'art de Théo Guldemont: une école de vie
Un nom : Guldemont, Théo et Daniel; une institution : l'«Olympic Judo-Club Montignies». Une histoire, celle de trente années de judo carolo au plus haut niveau...
Si vous n'avez jamais mis le pied sur un tatami, si vous pensez que les kimonos sont réservés aux geishas, si un kata est pour vous une plante d'appartement, si vous ponctuez un kiaï par un «à vos souhaits», bref, si n'avez du judo qu'une idée floue et exotique, vous aurez cependant déjà entendu le nom de Théo Guldemont. Son renom s'explique à la fois par un palamarès de champion, par une destinée de pionnier et par un certain esprit insufflé pendant trente ans à des centaines de jeunes judokas.
C'est en effet en 1952 que Théo Guldemont a posé les jalons d'un des très grands clubs de judo de notre pays. Juste après la guerre, le judo effrayait. Pas question pour des parents d'envoyer leurs enfants «se faire casser un bras.» Pourtant, cet art martial connut une vogue extraordinaire très rapidement. Jean-Marie Falise, l'autre figure emblématique du judo carolo, partageait avec son ami Guldemont le désir d'importer en Belgique cette discipline. «Maître Théo» en parle avec chaleur. Jean-Marie était ce qu'on appelle un athlète complet. Ensemble, nous étions montés à Paris, où le judo était déjà bien établi, et enseigné par de grands maîtres
Pour faire partager sa passion avec d'autres mordus, et aussi pour s'entraîner sérieusement à la compétition, Théo Guldemont ouvre une petite salle, chez lui, à la rue du Calvaire à Montignies-sur-Sambre. Le succès croissant d'année en année, il lui faudra à plusieurs reprises agrandir les locaux. Le club montagnard (installé depuis quelques années au complexe sportif de la rue des Cartiers) est depuis et sans doute pour encore longtemps un phare de judo carolorégien.
Au départ, pas d'enfants ni de femmes. Je trouvais cela dommage. Le temps, on le sait, a bien consolé le champion : les personnes du beau sexe ont depuis belle lurette pris goût à un sport complet qui est aussi un moyen de défense rassurant et efficace. La notoriété de notre Ingrid Berghmans nationale a-t-elle quelque chose à envier à celle de Robert Vandewalle ? Quant aux enfants, ils ont depuis longtemps tranformé les «dojos» en cours de récré, avec la discipline en plus.
Le professeur Guldemont, nous l'avons dit, a conservé l'aura d'un très grand champion, dont il faut se contenter de résumer brièvement le palmarès : il fut quatre fois champion de Belgique, participa à pas moins de neuf championnats d'Europe, décrochant une médaille d'or en 1960, et à deux championnats du monde.
Le nom de Guldemont n'avait pas fini de s'illustrer dans les plus hautes compétitions, grâce aux exploits de son fils Daniel, treize titres nationaux, sélectionné pour les J.O. de Munich et de Montréal. Le club lui-même cultive depuis ses débuts une insatiable boulimie de titres et médailles. Les amateurs, entre autres nombreux exemples, n'ignorent rien du parcours d'un Luc Suplis, 1er à l'Open de Bulgarie, sélectionné aux jeux olympiques de 1988...
Théo Guldemont tient pourtant à réfuter une image souvent attachée au club montagnard : nous ne sommes pas une machine à fabriquer des compétiteurs. Nous insistons énormément sur la technique, une technique, il est vrai, orientée vers l'efficacité de l'exécution... Il suffit d'entendre le maître parler des nombreux enfants qui fréquentent son dojo pour être rassuré. Beaucoup nous sont envoyés par des médecins ou des psychologues. Nous voyons immédiatement ceux qui ont des problèmes, souffrent de complexes. L'effort, une certaine discipline et surtout le respect de l'autre les aident à trouver leur équilibre.
DENIS GHESQUIÈRE
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